mercredi 17 août 2011

Le Verger Bio d'Hélène et Jean Noël à côté d'Antibes


 Situé à Golfe Juan, ce Verger Bio offre ses produits à la vente et Hélène a gentiment accepté de nous raconter comment tout a commencé.

Qu'est-ce qui vous a décidé à commencer un verger bio
Oranges amères du verger
En 2004, au décès de mon grand-oncle, nous avons eu la possibilité de reprendre le verger qu'il a cultivé toute sa vie. Ce verger, composé de clémentiniers principalement, de citronniers, de bigaradiers (orangers amers), pomélos, orangers, n'était plus exploité depuis une quinzaine d'années. C'était une chance de disposer gratuitement d'un terrain planté d'agrumes encore productifs, puisque le terrain appartient désormais à ma mère. 

Le foncier agricole sur le littoral étant quasi introuvable ou à des prix prohibitifs, nous n'aurions pas pu envisager une telle activité agrumicole s'il avait fallu acheter, voire même louer la même surface agricole dans ce secteur. C'est donc une opportunité familiale doublée d'une féroce volonté de conserver ce verger qui nous a décidés à nous lancer dans l'agriculture biologique.
 

Quelles sont les aides que vous avez reçues?
Nous n'avions pas de formation agricole, Jean-Noël et moi (JN est professeur des écoles ; je suis juriste). Nous avons donc acheté plusieurs livres sur l'agrumiculture conventionnelle, d'autres sur la culture biologique, suivi des formations via Agribio 06, contacté plusieurs agrumiculteurs du coin, consulté de nombreuses pages internet... On a reçu beaucoup de soutien de personnes enthousiasmées par notre projet, en particulier via le réseau des AMAP dont les adhérents étaient ravis de profiter d'une production locale de fruits biologiques. Tous ces soutiens sont une aide humaine précieuse.

L'accueil de la Chambre d'Agriculture du département nous avait néanmoins déçus; lors de notre installation, notre interlocuteur nous avait vivement déconseillé de faire de l'agriculture biologique, allant jusqu'à affirmer qu'il était "impossible de faire de l'agrumiculture biologique". Étonnés et déçus par ce parti pris qui ne correspondait pas à la réalité, nous avons rempli les formalités administratives d'enregistrement à la Chambre, puis nous n'y sommes plus jamais retournés. 

Nous avons appris plus tard que la Chambre d'Agriculture du 06, comme beaucoup d'autres Chambres d'autres départements, dénigrait l'agriculture biologique sous tous ses aspects, de manière systématique. Quand vous savez que les Chambres d'Agriculture sont majoritairement financées par les sociétés de produits phytosanitaires (insecticides, herbicides, engrais chimiques, tous types de biocides...), cela vous permet d'entrevoir le fondement du parti pris.

Citrons du verger
Depuis, le Président de la Chambre a changé ; Agribio 06 a été accueilli dans les locaux de la Chambre. Petit à petit, l'agriculture biologique n'est plus une originalité pour les institutionnels mais un véritable mode de culture qui se révèle bien plus vertueux que les modes de culture conventionnels; vertueux pour l'environnement, pour la qualité des productions agricoles, pour la santé des consommateurs et en premier lieu des agriculteurs.

Financièrement, nous avons bénéficié du crédit d'impôt pour l'agriculture biologique mis en place par le gouvernement en 2005 (http://www.agencebio.org/pageEdito.asp?IDPAGE=101) ; aucune autre aide financière ne nous est accordée car notre exploitation est trop petite (0,75 hectare).

 
Quel futur voyez-vous pour votre verger, quelle est votre vision?
Orange Thompson du verger

Depuis notre installation, nous avons arraché plusieurs arbres qui ne fructifiaient plus ou trop peu et les avons remplacés par des jeunes plants de 4-5 ans. Aujourd'hui, ces plants - une centaine sur 600 arbres - commencent à peine à fructifier, un arbre mettant environ 10 ans pour fructifier correctement. Il faut être patient en arboriculture, les cycles sont longs. 



Citron-caviar

 Grâce au renouvellement des arbres, la production devrait augmenter et elle va se diversifier puisque les mandariniers, les pomelos et les orangers doux et sanguins ont été privilégiés lors du choix des variétés. L'an passé, nous avons planté des kumquats, des limetiers (citrons verts), des cédratiers, un limequat, un bergamotier et un citron-caviar. Toujours des agrumes mais moins connus.

Le travail de renouvellement n'est pas encore terminé ; nous le poursuivrons l'an prochain. L'avenir du verger reste néanmoins précaire car ces 7500 m² idéalement situés sont très convoités. Tant que nous pourrons poursuivre notre travail, nous le ferons ; malheureusement, n'étant pas propriétaires de la terre, son futur ne dépend pas seulement de nous.

 
A ton avis, quel est la situation du bio sur la Côte d'Azur?
Jus de fruits Bio
En 2010, dans les Alpes-Maritimes, 144 producteurs étaient en agriculture biologique (59 en 2001), soit 8% de la SAU (surface agricole utile) du département (http://www.civampaca.org/bio06_dossier.htm). La bio progresse donc mais reste encore bien minoritaire malgré la demande des consommateurs. A ce constat spécifique à la bio, il faut ajouter la difficulté de s'installer dans un département où nourrir sa population avec des produits locaux n'est plus une priorité depuis une quarantaine d'années. 

La surface agricole utile dans le 06 est réduite à peau de chagrin. Seules quelques municipalités ont pris conscience de cet enjeu et réservent depuis peu des terrains agricoles pour les candidats à l'installation ou pour des projets de cantine scolaire. Beaucoup de maires préfèrent transformer des serres en programmes de promotion immobilière, à l'instar de la municipalité d'Antibes qui est en train de déménager sa pépinière municipale à Biot et choisit de transformer des hectares de terres agricoles en programmes immobiliers.
 
Comment le public peut avoir accès a vos produits ?
Nous vendons notre production bio, biodynamique et non traitée directement au verger, en période de récolte c'est-à-dire de fin novembre à fin janvier, tous les après-midi (14H -17H) sauf le dimanche.

Parallèlement, nous livrons plusieurs AMAP, dont celle d'Antibes. Quand la production nous le permet, nous fournissons aussi le magasin Satoriz à Vallauris.
Nous sommes joignables à ce numéro 06 64 11 37 22 et à cette adresse agrumesandrea@aol.com. Le verger se situe au n°606 Chemin de la Gabelle au Golfe-Juan.                                 
 Photo citron-caviar via positiveeating                                                                                                               
  Venez tous au Verger cet hiver avec vos paniers!                                              

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